Percer un carrelage fait souvent hésiter, car la moindre erreur peut entraîner une fissure difficile à rattraper. Pourtant, si un carreau se casse, ce n’est pas un geste mal exécuté qui en est la cause, mais trois phénomènes physiques bien précis : la pression, la vibration et la chaleur. En comprenant ce qui fragilise réellement l’émail et en adoptant quelques réflexes simples, il devient possible de percer même les carreaux les plus durs — grès cérame, faïence ou céramique — sans éclats. Dans ce guide, vous découvrirez des astuces concrètes, issues des techniques professionnelles, pour percer proprement, maîtriser la montée en température et éviter la propagation des microfissures. Un pas-à-pas accessible qui vous permet de travailler en confiance, que vous souhaitiez fixer une étagère, un miroir ou tout autre accessoire sur un mur carrelé.
Pourquoi le carrelage se fissure vraiment quand on le perce
Si un carrelage se casse lors du perçage, ce n’est jamais un hasard. Trois phénomènes techniques expliquent ces fissures, et les connaître permet d’adopter immédiatement les bons gestes. Le premier est la fragilité de l’émail, cette couche vitrifiée très dure mais peu tolérante aux chocs. Lorsque la mèche attaque trop vite ou glisse, l’émail réagit comme du verre : une micro-éclisse peut se propager en fissure. Le second facteur est la vibration, surtout si le carreau n’est pas parfaitement soutenu ou si l’on appuie trop fort. La vibration crée une tension interne qui fragilise la structure, en particulier sur les carreaux anciens ou les grès cérame très denses. Le troisième paramètre est la chaleur : un foret qui chauffe excessivement cause une dilatation localisée du carreau, suffisante pour provoquer un éclat ou une fente. Comprendre ces trois mécanismes permet d’ajuster la technique, de travailler plus lentement et d’éviter les erreurs qui semblent anodines mais qui fragilisent immédiatement la surface.
Les outils indispensables pour percer sans casser
Un perçage réussi commence toujours par le bon équipement. Le carrelage — qu’il soit en faïence ou en grès cérame pleine masse — demande une approche précise, car sa surface dure et fragile réagit mal aux à-coups. La perceuse doit impérativement être équipée d’un variateur de vitesse : c’est ce contrôle du démarrage qui permet de traverser l’émail en douceur, sans provoquer d’éclats. Le mode percussion, lui, est à éviter absolument : ses impacts fragilisent instantanément le carreau.
Le choix du foret joue ensuite un rôle déterminant. Un foret au carbure de tungstène convient aux carrelages classiques, tandis qu’un foret diamanté est indispensable pour les matériaux très durs comme le grès cérame. Sa coupe régulière limite la chaleur et réduit considérablement les vibrations, deux facteurs clés pour éviter les fissures.
Pour stabiliser la zone, un ruban adhésif en croix évite que la mèche ne glisse sur la surface lisse et protège l’émail lors de l’amorçage. Le crayon de marquage assure une précision parfaite, tandis que le vaporisateur d’eau aide à refroidir la mèche pendant le perçage. Enfin, si le carreau n’est pas encore posé, une planche de bois placée dessous absorbe les vibrations et sécurise l’ensemble de l’opération.
Comment percer du carrelage proprement : la méthode étape par étape
Percer un carrelage sans l’endommager demande une approche progressive. Chaque geste compte pour préserver l’émail et éviter les microfissures. Voici les étapes essentielles pour un perçage net et maîtrisé :
- Marquer précisément le point de perçage
Utilisez un crayon ou un feutre pour repérer l’emplacement exact. Un marquage clair évite les décalages et limite la nécessité d’appuyer sur la perceuse. - Stabiliser la zone avec du ruban adhésif
Collé en croix, il empêche la mèche de glisser sur la surface lisse et réduit les éclats lors de l’amorce du trou. - Démarrer à vitesse minimale
Approchez la surface doucement, sans percussion. Une amorce lente traverse l’émail proprement, sans choc brutal. - Percevoir en “micro-impulsions”
Travaillez par séquences courtes (3 à 4 secondes), en laissant la mèche refroidir quelques instants. Cette technique limite la montée en température et protège le carreau. - Refroidir régulièrement la mèche
Une pulvérisation légère d’eau suffit pour évacuer chaleur et poussières abrasives. Cela prolonge aussi la durée de vie du foret. - Arrêter dès que la résistance change
Quand le foret traverse l’émail et atteint le support, stoppez immédiatement pour éviter d’éclater la face arrière du carreau. - Changer de foret pour percer le support
Une fois le carrelage traversé, utilisez une mèche adaptée au mur (béton, brique, plaque de plâtre) avant d’insérer la cheville.
Nos meilleures astuces pour éviter les éclats et fissures
Percer un carrelage sans l’abîmer repose sur quelques gestes simples qui font toute la différence. Voici les astuces les plus efficaces pour préserver l’émail et limiter les risques de fissure, même sur les carreaux les plus sensibles :
- Amorcer légèrement en biais
Commencer le perçage avec un angle d’environ 15° aide la mèche à accrocher la surface. Une fois l’amorce faite, redressez la perceuse pour poursuivre perpendiculairement. - Utiliser un gabarit de maintien
Une petite plaque percée ou un guide ventousé stabilise la mèche au démarrage, surtout sur les surfaces très lisses comme le grès cérame. - Travailler sans appuyer
La pression excessive est l’une des premières causes d’éclats. Laissez le foret travailler par abrasion : il doit “manger” la matière, pas l’écraser. - Refroidir très régulièrement
L’émail n’aime pas la chaleur : un vaporisateur d’eau ou des pauses fréquentes limitent la dilatation du carreau et conservent une coupe nette. - Essuyer la boue abrasive
La poussière mélangée à l’eau forme une pâte qui peut freiner la mèche et créer des micro-chocs. Essuyez régulièrement pour un perçage plus propre. - Perçer des carreaux épais en deux temps
Pour les formats très denses comme le grès cérame pleine masse, réalisez la moitié du trou, retournez le carreau (s’il n’est pas posé), puis finissez de l’autre côté pour un bord impeccable. - Viser parfois le joint plutôt que le carreau
Pour certaines fixations légères, percer dans un joint peut être une alternative fiable qui limite les risques de fissure — tout en simplifiant un éventuel remplacement.
Percer avant ou après la pose : comment choisir la solution la plus sûre ?
Le moment idéal pour percer dépend autant de la nature du carrelage que du type de fixation envisagé. Chaque option présente des avantages, mais aussi des contraintes qu’il faut connaître pour éviter les mauvaises surprises.
- Percer avant la pose : la solution la plus sûre
Le carreau, encore libre, peut être posé sur une planche de bois qui absorbe parfaitement les vibrations. Le trou est plus net, l’émail ne subit aucune tension, et l’on peut ajuster précisément l’emplacement avant collage. Cette méthode est particulièrement adaptée pour les passages techniques (tuyaux, robinetteries, alimentations électriques). - Percer après la pose : la méthode la plus courante
Lorsqu’il s’agit d’ajouter un accessoire (étagère, miroir, porte-serviettes), il faut nécessairement percer une fois le carrelage fixé au mur ou au sol. Le support rigide impose un travail plus lent et plus prudent : vitesse minimale, refroidissement régulier, et mèche parfaitement adaptée au matériau. - Choisir en fonction de la fragilité du carreau
Les carrelages très durs (grès cérame pleine masse) se percent aussi bien avant qu’après pose, tandis que les carreaux anciens ou très fins gagnent à être perforés avant installation. - Le bon compromis selon le projet
Si l’emplacement du trou est défini à l’avance, percer avant la pose reste la solution la plus sécurisée. Si vous installez un élément ajouté après chantier, le perçage post-pose est incontournable mais reste totalement maîtrisable avec une méthode progressive.
Que faire si le carrelage se fissure malgré tout ?
Même en appliquant toutes les précautions, un carreau peut parfois se fissurer lors du perçage. L’important est de réagir calmement et d’adopter la solution la plus adaptée selon l’ampleur des dégâts.
- Réparer un petit éclat ou une microfissure
Lorsque seule la surface émaillée est touchée, un mastic spécial carrelage ou une résine colorée suffit à combler l’impact. Une fois sec, un léger ponçage au grain fin permet d’uniformiser la zone. Une retouche de peinture céramique peut ensuite rendre la réparation quasiment invisible. - Stabiliser une fissure légère
Une fissure fine mais stable peut être comblée avec une résine transparente, idéale pour éviter qu’elle ne s’étende. Dans une pièce secondaire ou sur un mur discret, un autocollant décoratif ou un cache carrelage peut masquer proprement la zone sans intervention lourde. - Réparer le trou en ajustant la technique
Si la fissure s’est produite en cours de perçage, stopper immédiatement permet souvent d’éviter l’agrandissement. Reprenez ensuite à vitesse plus lente, sans pression, et en refroidissant davantage la mèche. - Remplacer un carreau fissuré en profondeur
Si la fissure traverse l’épaisseur ou se propage rapidement, le remplacement du carreau reste la seule solution fiable. Retirez soigneusement le joint autour, décollez le carreau avec un burin plat, puis posez un carreau neuf avec le même alignement et le même joint. - Toujours conserver quelques carreaux d’avance
Un stock de 2 à 3 carreaux supplémentaires facilite toute réparation future et garantit un résultat homogène, même plusieurs années après la pose.
Situations particulières : grès cérame, carrelage ancien, carrelage texturé
Certains carrelages demandent une attention particulière, soit en raison de leur dureté, soit à cause de leur âge ou de leur surface plus irrégulière.
- Grès cérame pleine masse : le plus exigeant
Matériau très dense, il nécessite un foret diamanté et un perçage progressif. La chaleur y monte vite : les pauses régulières sont indispensables pour éviter la dilatation et les éclats. Le micro-perçage en séquences courtes reste la méthode la plus efficace. - Carrelage ancien : un support parfois fragilisé
Avec les années, la colle ou le mortier sous le carreau perd en élasticité. Le carreau devient plus sensible aux vibrations. Il faut donc travailler encore plus doucement, sans aucune pression, et vérifier la stabilité du support avant de commencer. - Carrelage texturé ou antidérapant : une accroche plus facile mais un éclat plus probable
La mèche glisse moins, mais l’émail épais peut s’écailler si l’amorçage n’est pas parfaitement lent. Le ruban adhésif reste un bon moyen de sécuriser le début du perçage. - Grand format ou carreaux larges : risque de tension accrue
Plus un carreau est grand, plus il est sensible à la propagation des vibrations. Un gabarit stabilisateur ou une perceuse à démarrage très progressif est recommandé.
Alternatives au perçage : quand éviter de percer est la meilleure solution
Dans certains cas, éviter de percer peut prolonger la durée de vie de votre carrelage tout en permettant une fixation fiable. Ces solutions sont surtout intéressantes dans les salles de bains et cuisines modernes.
- Fixer dans un joint plutôt que dans le carreau
Cette option évite tout contact direct avec l’émail. Elle convient très bien pour les accessoires légers : porte-savon, petite étagère, patère… - Utiliser des adhésifs renforcés de nouvelle génération
Certains accessoires se fixent durablement grâce à des adhésifs haute tenue, parfaits pour les surfaces vitrifiées. Ils résistent à l’humidité et ne laissent pas de trace en cas de retrait. - Opter pour des fixations autoportantes ou sur ventouse haut de gamme
Les ventouses nouvelle génération offrent une adhérence bien supérieure aux modèles classiques. Idéal pour les éléments non soumis à de fortes charges. - Installer des structures fixées ailleurs
Étagères autoportantes, meubles suspendus fixés dans un mur adjacent, barres murales décollées des carreaux… plusieurs solutions permettent d’aménager sans toucher au carrelage.
Conclusion
Percer dans du carrelage demande avant tout une bonne compréhension de ce qui fragilise un carreau : la pression, la chaleur et la vibration. Avec les bons outils, une mèche adaptée et une technique progressive, il devient possible d’obtenir un perçage propre, net et parfaitement maîtrisé. Les astuces professionnelles — amorce en biais, refroidissement régulier, micro-impulsions — font toute la différence, surtout avec les matériaux exigeants comme le grès cérame. En cas d’éclat ou de fissure, plusieurs solutions existent pour réparer rapidement, et des alternatives permettent même d’éviter le perçage si nécessaire. En prenant le temps d’agir méthodiquement, vous préservez l’intégrité de vos carreaux tout en réalisant des installations durables.
Quel foret utiliser pour du grès cérame ?
Un foret diamanté est indispensable, car le grès cérame est extrêmement dur et résiste aux mèches classiques.
Pourquoi mettre du ruban adhésif sur le carreau ?
Il stabilise la mèche au démarrage et limite l’apparition d’éclats sur la couche d’émail.
Peut-on percer un carrelage déjà posé ?
Oui, mais il faut travailler plus prudemment : vitesse minimale, perçage progressif et refroidissement fréquent pour éviter les fissures.
Que faire si un carreau se fissure pendant le perçage ?
Stopper immédiatement, stabiliser la fissure avec de la résine ou remplacer le carreau si la fente est profonde.

Comment percer du carrelage sans le fissurer ?
En travaillant à vitesse lente, sans percussion, avec un foret adapté (carbure ou diamant) et en refroidissant régulièrement la mèche pour limiter la chaleur.