Une nuit réservée sur Airbnb, et c’est tout votre logement qui vous échappe. En France, des squatteurs profitent de failles dans les locations courte durée pour s’installer illégalement… et parfois durablement. Face à cette nouvelle menace, certains propriétaires redoublent d’ingéniosité pour protéger leurs biens. Voici les méthodes les plus efficaces qu’ils mettent en place et que vous devriez connaître.
Comprendre la menace : pourquoi Airbnb attire les squatteurs
À première vue, louer son logement sur Airbnb semble simple, rapide, rentable. Mais c’est justement cette facilité d’accès qui attire aujourd’hui certains squatteurs mal intentionnés. En réservant une ou deux nuits, ils obtiennent légalement les clés, s’installent, puis… refusent de partir.
Le problème ? Le flou juridique qui entoure ces situations. Certains occupants se prétendent locataires protégés, avancent des droits d’occupation, ou font croire à un litige locatif classique. Résultat : tant que le propriétaire ne prouve pas clairement l’expiration du contrat ou la fraude, les forces de l’ordre hésitent à intervenir immédiatement.
Des témoignages de propriétaires circulent régulièrement :
« Il a réservé pour deux nuits, puis a changé la serrure. Quand j’ai voulu récupérer le logement, la police m’a dit que c’était un conflit civil… »
« J’ai dû engager un avocat pour entamer une procédure d’expulsion, qui a duré des années et m’a couté des milliers d’euros. »
⚠️ Le plus troublant ? Dans ce type de situation, la frontière entre “locataire temporaire” et “squatteur” peut disparaître en quelques heures. Et une simple erreur de vigilance suffit à perdre le contrôle de son bien.
Méthode 1 : Filtrer les réservations pour bloquer les squatteurs dès le départ
La première ligne de défense contre les squatteurs, c’est la sélection des locataires. Sur Airbnb, mieux vaut privilégier la prudence à l’excès de confiance. Plusieurs propriétaires expérimentés ont mis en place des réflexes simples, mais redoutablement efficaces.
Commence par activer l’option “Profil vérifié” dans tes paramètres. Cela t’assure que seuls les voyageurs ayant fourni une pièce d’identité, un numéro de téléphone et parfois un justificatif de paiement peuvent réserver. En complément, refuse systématiquement les profils sans historique ni avis — surtout s’ils réservent à la dernière minute.
Autre bonne pratique : demande une pièce d’identité à chaque réservation, même si le profil est vérifié. Airbnb t’autorise à le faire via la messagerie, tant que cela reste dans un cadre de vérification de sécurité. Tu peux aussi utiliser des services tiers de check-in automatisé qui incluent cette étape.
Enfin, limite la durée des séjours à 3 ou 4 nuits maximum, sauf si la demande est accompagnée d’un message clair et cohérent. Une réservation longue sans aucun échange préalable est souvent le signe d’un profil à surveiller de près.
💡 Astuce : ajoute dans ton règlement intérieur une mention explicite du type : “Toute prolongation de séjour sans validation expresse de l’hôte sera considérée comme une violation de contrat.” Cela peut faire la différence en cas de litige.
Méthode 2 : Sécuriser physiquement le logement pendant la location
Une fois les locataires entrés, il est primordial de garder le contrôle sur l’accès au logement. C’est ici que la sécurisation physique devient une arme dissuasive contre toute tentative d’occupation prolongée ou de squat déguisé.
La méthode la plus efficace consiste à installer une serrure électronique connectée, comme celles proposées par Nuki, Igloohome ou Yale. Ces systèmes te permettent de générer un code d’accès temporaire, unique pour chaque séjour, et surtout de le désactiver à distance dès le départ du locataire. Aucun risque de double des clés ou de code réutilisé.
Complète cette installation par un coffre à clés sécurisé (avec code dynamique ou ouverture à distance). Ce type de coffre est plus résistant aux effractions que les modèles classiques et ajoute une couche de contrôle supplémentaire.
Pense également à équiper ton bien d’une alarme sonore, avec détecteurs d’ouverture de porte ou de mouvement. Elle peut être connectée à ton téléphone et t’alerter en temps réel en cas d’intrusion en dehors des heures prévues.
Enfin, installe une caméra extérieure ou une sonnette vidéo connectée à l’entrée. C’est parfaitement légal tant que la captation se limite à l’espace extérieur ou à l’entrée privative. Cela te permettra de vérifier que les locataires sont bien partis, ou de conserver des preuves en cas d’occupation abusive.
👉 Ces dispositifs ne se contentent pas de sécuriser : ils dissuadent aussi. Un logement équipé de manière visible envoie un message clair aux visiteurs mal intentionnés.
Méthode 3 : Bloquer les manipulations techniques les plus fréquentes (serrure, compteur EDF)
Les squatteurs les plus organisés savent très bien contourner les systèmes classiques pour prendre le contrôle matériel du logement. Deux cibles privilégiées : la serrure et le compteur électrique. Il est donc crucial de les verrouiller, au sens propre comme au figuré.
Protéger l’accès : remplacer les serrures vulnérables
Les serrures à clé classiques sont une faille majeure : un squatteur peut changer un barillet en quelques minutes, puis prétendre être chez lui. Pour éviter cela :
- Remplace les serrures classiques par un modèle électronique, à code ou à badge.
- Choisis un système sans barillet extérieur ou avec code maître, que toi seul peux réinitialiser.
- Pense aussi aux serrures invisibles, installées à l’intérieur, qui n’ont aucun point d’accès apparent depuis l’extérieur.
L’objectif est simple : empêcher toute modification de la serrure sans ton autorisation, même depuis l’intérieur.
Verrouiller le compteur électrique pour éviter les abus
Certains squatteurs vont jusqu’à souscrire un contrat EDF à leur nom pour renforcer leur légitimité. Cette manœuvre est facilitée si le coffret électrique est accessible depuis la rue ou les parties communes.
Voici ce que tu peux faire légalement :
- Installer un coffret verrouillable autour du compteur ou du disjoncteur.
- Prévenir Enedis pour qu’aucun changement de titulaire ne soit validé sans ton autorisation écrite.
- En cas de vacance prolongée du logement, demander une coupure temporaire du point de livraison.
Il est aussi possible d’investir dans des boîtiers de disjoncteurs anti-intrusion, conçus pour empêcher toute manipulation non autorisée.
En verrouillant physiquement ces deux accès stratégiques – la porte et le compteur – tu réduis considérablement les possibilités d’emprise d’un squatteur sur ton logement. Ces mesures, simples à mettre en place, ont déjà permis à de nombreux propriétaires d’éviter le pire.
FAQ – Protéger son Airbnb contre les squatteurs
Peut-on expulser un squatteur d’Airbnb sans passer par un juge ?
Oui. Une fois la période de réservation terminée et le locataire parti, le propriétaire peut librement modifier les accès du logement.
En revanche, en cas d’occupation illégale (par exemple si le locataire refuse de quitter les lieux), il est strictement interdit de changer la serrure soi-même. Cela constitue une voie de fait, passible de sanctions civiles et pénales.
L’installation d’une caméra est-elle légale dans un logement Airbnb ?
Oui, mais sous certaines conditions strictes. La vidéosurveillance est autorisée à l’extérieur du logement ou dans les parties communes privées, à condition qu’elle ne filme pas les locataires ni leur intimité.
En revanche, toute caméra placée à l’intérieur (salon, chambre, couloir, etc.) est interdite, même si elle est désactivée.
De plus, Airbnb exige que la présence d’un système de vidéosurveillance soit clairement indiquée dans l’annonce.
Airbnb peut-il intervenir en cas de squatteur ou de litige d’occupation ?
Airbnb n’a pas le pouvoir d’expulser un occupant. Toutefois, la plateforme peut apporter un soutien administratif :
- fournir les preuves de réservation et de fin de séjour ;
- appuyer une plainte pour violation de domicile ;
- orienter le propriétaire vers la procédure d’expulsion adaptée.
Il est important de signaler immédiatement tout comportement anormal via le service de résolution Airbnb.
Airbnb va-t-il dédommager le propriétaire en cas de logement squatté ?
Airbnb propose une garantie Hôte, mais celle-ci ne couvre pas les cas de squat prolongé ou d’occupation illégale après la fin du séjour. En clair, si un locataire refuse de quitter les lieux après la date de départ prévue, cela devient un litige juridique, non couvert par la plateforme.
Quelle assurance prendre pour se protéger du squat d’un logement Airbnb ?
La plupart des assurances habitation ne couvrent pas les cas de squat, surtout en location saisonnière. Il est donc conseillé de souscrire une assurance propriétaire non occupant (PNO) avec des garanties spécifiques contre l’occupation illégale, la perte de loyers et les dégradations. Certains assureurs proposent des contrats adaptés aux hôtes Airbnb, incluant une protection juridique renforcée.