La tentation est toujours grande lorsqu’on manque d’espace ou de clarté de repousser les limites visuelles via quelques astuces décoratives. Casser un mur porteur peut ainsi permettre d’ajouter une porte ou une fenêtre, pour améliorer la luminosité et/ou l’accessibilité d’une maison, ou pour aménager une cuisine américaine par exemple. Mais est-ce toujours possible ? Ces parois n’ont-elles pas une destination incontournable au sein de la structure du bâtiment ?
Définition : Un mur porteur est, en architecture, un mur destiné à supporter l’ensemble des charges de la maison comme la charpente, un pignon, la structure des planchers du bâtiment. Celui-ci garantit la stabilité de votre maison. On l’appelle également le mur de refend.
Le mur porteur est au centre de la solidité de votre habitation. Dès lors, si vous décidez de vous passer d’un professionnel du bâtiment, vous comprendrez que toucher à l’intégrité d’un mur porteur est une opération délicate et très risquée.
Si vous souhaitez toutefois en savoir plus avant de vous lancer dans l’abattage d’un mur, voici quelques précautions à prendre :
1- Estimer la fonction du mur
Les murs extérieurs d’une construction ainsi que la majorité des murs mitoyens sont en principe des murs porteurs. Ensuite, vous pourrez reconnaître ce mur de refend dans ces 3 cas :
- Le mur porte une charpente.
- Le mur porte un plancher.
- Le mur porte un autre mur.
Il semble donc évident de ne pas toucher à ces parois sans précautions particulières.
2- Reconnaître le matériau
La grande majorité des murs porteurs est constituée de parpaings. On retrouve aussi des murs porteurs bâtis à base de briques, de pierres, de béton, de plâtre, de béton armé ou cellulaire et quelquefois de bois (ossature en OSB*).
Astuce : taper légèrement sur une paroi vous donnera une indication. Si le bruit « sonne creux », c’est que vous êtes en présence d’une cloison. Si le son est plein et mat, vous avez à faire à un mur porteur. Attention : certains murs possèdent des couches d’enduits donnant l’impression d’un mur qui sonne creux alors qu’il s’agit bien d’un mur porteur !
3- Déterminer l’épaisseur
L’épaisseur du mur est un indicateur fondamental pour reconnaître un mur porteur. En effet, vous serez assuré que le mur n’est pas porteur en dessous de 15 cm d’épaisseur, mesure minimale d’un mur porteur dans une résidence moderne.
4- Respecter la réglementation
Lorsque vous touchez aux murs de façade, vous devrez faire au préalable une déclaration de travaux au service d’urbanisme de votre mairie. Si c’est un mur mitoyen qui est concerné, un état des lieux contradictoire sera nécessaire avec votre voisin.
Enfin, si vous décidez d’abattre tout de même un mur porteur, et que vous êtes en maison individuelle, l’attestation de faisabilité est préconisée, mais non obligatoire.
Astuce : profitez de cette opération pour rénover votre façade et faire une seule déclaration pour l’ensemble de ces travaux.
A noter : En copropriété, vous ne pouvez pas intervenir directement si vous modifiez un mur porteur. Il faut impérativement l’autorisation de la copropriété et établir un dossier solide si vous désirez l’abattre, en obtenant une attestation de faisabilité de votre projet auprès d’un architecte. (réf. Loi 65-557 du 10/07/65).
5- Sécuriser votre chantier
Avant le sciage ou l’abattage, pensez à étayer (le soutenir avec des pièces de bois ou métalliques : des étais) le mur sur toute sa longueur. Ensuite, commencez par faire une petite ouverture au milieu du mur porteur et lorsqu’elle est complétée, posez un étai. Agrandissez progressivement l’ouverture de chaque côté tout en plaçant d’autres étais. N’espacez pas les étais de plus de 90 cm.
6- Solution alternative : créer une ouverture
Si l’abattage complet du mur porteur n’est pas nécessaire, il existe une solution alternative plus accessible : créer une ouverture.
Jusqu’à 2,50 m de portée, vous pouvez ainsi réaliser un portique constitué de 2 poutrelles verticales (de type IPN) sur lesquelles sera fixée une poutrelle horizontale. Ce portique reposera sur une semelle posée au sol. Le mur à ouvrir sera évidemment étayé pour soulager la charge.
Les poutres seront alors mises sous tension avant le rebouchage au mortier.
En cas de doute, faites appel un professionnel
Nous vous suggérons fortement de demander conseil à un spécialiste tel l’architecte. Spécialisé dans l’élaboration des plans, il pourra déterminer, par ses connaissances, la disposition de vos murs porteurs avec exactitude.
Attention toutes ces précautions ne sont que des conseils et ne pourront jamais vous assurer la qualité de votre mur ni la stabilité de vos travaux. Le recours à un professionnel est plus que recommandé.
Conseil du pro : votre assurance ne prendra pas en charge les dégâts causés suite à des travaux réalisés sur un mur de refend. En revanche, la garantie décennale d’un professionnel (formé en béton armé et démolition) couvre ce type de travaux.
Focus : Technitoit vous propose la rénovation de façade, l’isolation et d’autres solutions de rénovation. N’hésitez pas à contacter un conseiller.
A éviter : se lancer trop vite dans l’abattage du mur. Il est très important de se protéger et d’avoir tout analysé avant de s’engager dans une telle opération. Vous pourriez avoir de bien mauvaises surprises…
*OSB : panneau de grandes particules orientées ou OSB (pour Oriented Strand Board, l’appellation anglophone)
Article mis à jour en octobre 2017
2 Responses
Bonjour,
Il est toujours préférable de faire appelle à un professionnel, car certaines cloisons dans des bâtiments anciens peuvent être devenues porteuses et si l’on ne se réfère qu’à certains critères, le risque devient très important.
Il ne faut pas prendre de risques. Par contre dans des habitats plus récents, si la cloison est en plaques de plâtre, pas grand risques.
Tout à fait d’accord avec Pascal !
C’est vraiment trop riqué de faire tomber un mur porteur soi-même !